La Terre est bleue comme une Orange

La Traversée (depart le 31 janvier de La Gomera)

31/01/2011 11:49

 

Semaine du 22 au 29 janvier - La Gomera

Nous esperons une fenêtre mercredi… qui ne vient pas, nous esperons pour le dimanche et finalement c’est le lundi avec un depart un peu musclé : du vent portant avec coup de pied aux fesses, Carlito en sourit d’avance. Le patch sera le bienvenu pour ma part apres 10 jours à terre, et Céline se decide pour l’essayer aussi finalement.

Nous avons fait nos 4 caddies de courses (donc 60 litres d’eau et 24 de lait), ainsi qu’une brouette de bananes, oranges et autres produits du marché. La brouette est un moyen de transport tombé en desuétude dans nos metropoles mais qui a beaucoup de charme, surtout pour les loulous qui ne se lassent pas de faire les trajets aller dans la brouette vide !! Rosalie en tremble à l’idée de descendre tellement c’est le pied. Même sous la pluie

 

31 janvier – Prêts pour la traversée !

Ca y est nous avons attendu une grosse semaine pour des conditions favorables, deux dépressions sont passées, le bateau est prêt, l’équipage aussi, le vent est fort mais dans le bon sens, on ne devrait pas trainer en route… Ce devrait être bon pour la moyenne, moins pour la pèche…..

C’est parti, à dans 3 semaines de l’autre coté, entre temps on enverra quelques bouteilles à la mer, et  nous essaierons de mettre à jour la position de temps en temps !

 

 

Finalement nous ne sommes partis pour la traversée que le Mercredi 2 février, les conditions du 31 janvier se sont avérées dures, avec une mer croisée qui ne favorisait ni la vitesse, ni l’amarinage de l’équipage… Nous avons  donc fait une escale de 36H dans le port de la Restinga au sud d’ El Hierro, où d’autres équipages attendaient de meilleures conditions pour aller au Cap Vert, au nord, à l’ouest. De belles rencontres bien sympathiques…. Les enfants profitent d’une belle aire de jeux espagnole, et nous prenons un petit apéro sur le port, pour fêter notre « re-repart » du lendemain.

 

Mercredi 2 février : un petit tour à l’aire de jeu avec vue sur la baie, un passage à la pharmacie pour acheter du Stugeron (nous en avions acheté sur internet qui est probablement une contrefaçon voire un placebo), un déjeuner à base de steaks congelés, plus pour dire que nous avons mangé des protéines tant qu’on en a sous la main. Vers 14h, un coup de corne des autres bateaux et c’est parti !!!

La mer est très calme tant que nous sommes à l’abri de l’ile, avec 25-30 nœuds, ça pulse et Rob Roy est content. Je descends faire une petite sieste et quand j’émerge, les vagues ont pris du poil de la bête, Felix et Rosalie sont malades, Augustin tient bien le coup. Du côté des grands nous testons le Stugeron qui se révèle très efficace.

Notre premier dîner de la traversée sera assez sommaire, cela bouge trop pour faire chauffer de l’eau dans une casserole : il reste une pizza de la veille et avec de la semoule pour les loulous, cela fera l’affaire. Carlito prend le premier quart et me réveille à 3H du matin. La nuit est noire noire, pas une compagne très sympathique mais pas de surprise, on file à 8 bons nœuds sous gennaker avec 13-15 nœuds de vent.

Au réveil jeudi matin, tout le monde est un peu timide sur le petit déjeuner et les enfants sont tous les trois malades, bref c’est le festival. Chacun cherche son rythme et ça bouge pas mal.

 Il fait plutôt frais et nuageux aussi, c’est le retour des chaussettes, nous nous sentons loin de l’ambiance maillot sous le soleil.

 

Vendredi 4 février

La nuit est toujours sans lune mais étoilée, on file dans le noir sous une jolie voute avec Gennaker et Génois en ciseaux. J’expérimente une nouvelle position de veille, dehors, allongée dans le cockpit, sous les étoiles, avec le speedo en point de mire. Vers 6 h c’est la première session boulangerie qui démarre. Leger problème, la pâte doit lever dans un endroit à 24°C minimum, il fait 17°C dans le bateau… du coup je fais d’abord un gâteau rapide et pendant qu’il est au four, je mets le pain à lever au dessus du four en comptant sur les fuites à l’arrière  pour chauffer suffisamment la pâte à pain. Le résultat est largement perfectible, mais il y a du pain frais ce matin !

Nous commençons à sentir le décalage vers l’ouest et nous allons décaler l’horloge du bord car ce matin il faisait jour vers 8h15…

 

Le scoop du jour : nous avons  pêché une belle bonite qui pèse bien 5 à 6 kg, c’est une prise historique car la dernière fois que nous avons mangé le produit de notre pêche, il s’agissait d’un maquereau breton au cours de l’été 2008 (n’est ce pas Fix ?) après avoir forcé Charles à ralentir le bateau pour être à la bonne vitesse

 

Au bilan de ces trois premiers jours :

-les enfants commencent à aller bien, à s’être fait à la mer qui est encore assez formée.

-de belles journées de près de 200Milles, on arrivera plus vite si çà continue !

-un gennaker qui montre des signes de faiblesses, ce qui pourrait nous ralentir, dès que la mer se calmera nous tenterons de le ranimer pour quelques milles supplémentaires

-des alizés gris : il fait un temps couvert et assez frais, on ressort cirés, pantalons et polaires pour les quarts de nuits. Plus au sud, cela devrait s’arranger

-un joli petit thon pêché : et oui, tout arrive, les éternels bredouilles ont fini par pêcher autre chose que des sacs en plastique. Forcément nous n’avons pas l’habitude, et tuer la bête s’est transformé en un bain de sang. Nous avons promis à la SPA de faire mieux la prochaine fois. Et les filets cuits après avoir été marinés dans le thym et l’huile d’olives étaient délicieux !

 

Donc finalement, on s’en sort pas trop mal, et donc on ne fera pas demi tour vers les Canaries ….sauf si le mat nous tombe sur la tête…

 

 

 

L’organisation et le rythme de nos journées :

Pour l’organisation des quarts tout d’abord, on divise la nuit en deux, c’est un peu long pour celui qui est de quart, mais ça permet de se ménager des plages de sommeil également « longues ». C’est généralement Charles qui prend la première partie de nuit et je le relaye vers 3 h du matin. Les nuits durent environ 12H et tout le monde va se coucher le soir comme les poules vers 20h30. Nous nous répartissons  dans les cabines arrières, les garçons alternant une nuit sur deux chez « papa-maman » et l’autre chez « Céline et Rosalie ».

Le matin c’est invariablement Rosalie qui se réveille la première et Celine lui prépare son biberon et essaye de lui faire ensuite prolonger sa nuit, parfois ça marche… Augustin se lève tôt également et Felix suit dans la foulée. C’est le petit déjeuner et branle-bas de combat.

 

Une bonne partie de la matinée est dédiée à l’école : Felix sur ses livres d’activités, Rosalie captivée par ce qu’il fait ou bien en train de dessiner (gribouiller ?) à côté. Augustin qui fait du CNED.

On déjeune assez tôt, en essayant de cuisiner au mieux pour éveiller les appétits un peu en berne, enfin passée la première semaine, on commence de toute façon à s’alimenter avec des conserves, les quenelles en boites et autres merveilles, relayant les délicieuses papas, oranges et petites bananes des Canaries.

Ensuite c’est sieste pour Rosalie et Felixou et Augustin a un temps calme ou un jeu de société « de grand » ou un peu de CNED selon les jours.

Puis arrive le moment le plus attendu de la journée : le gouter avec le choix des gâteaux qui se fait à tour de rôle.

C’est ensuite un temps de jeux de société pour les garçons (halli galli, les Incollables qui s’adapte par âge et niveaux, le loto), et en général Rosalie râle un peu et pique tout ce qui se trouve sur la table pour rappeler que ce n’est pas sympa pour elle qui est quand même trop petite pour jouer…

Séance film juste avant le repas du soir : c’est l’autre moment très attendu, avec un problème cornélien de choix, heureusement Celine qui a une culture solide du dessin animé pour enfant, tranche en évitant les crêpages de chignon.

Rosalie qui est un véritable estomac sur pattes, tient entre 5 et 7 minutes devant l’écran avant de venir quémander son repas avant l’heure au cuistot de service, un petit bout par ci un petit bout par là…

 

Les moments forts :

-Quand ça mord : tout le monde sur le pont, on roule pour ralentir et essayer le remonter le poisson, c’est l’événement, Rosalie veut tout voir y compris le nettoyage sur la jupe.

-Felixou qui prend plaisir à compter les dodos tous les matins, sur la frise et sur sa petite maison ou il a mis en point de mire « la plage ».

- Les nuits tranquilles.

 

Les incontournables galères :

-les grains la nuit, on les voit arriver si la nuit est claire mais souvent ça surprend et ça fait monter l’adrénaline…

-Le gennaker en fin de vie, par endroits on voit au travers : on essaye de lui mettre un patch. Un matin quand le jour se lève Charles s’aperçoit que le point d’amure a lâché et il commence doucement à se déchirer, vite on met un bout et on roule car il y a trop de vent pour arriver à remettre une manille. On se retrouve sous génois seul.

-La grand voile qui redescend avec le bout de la drisse (normalement elle est fixée en haut du mat….), du coup on prendra toujours minimum un ris sachant qu’on ne peut pas monter en haut du mat pour réparer avec la mer que nous avons.

- la poulie du chariot de génois qui se fait la malle vers 5H du matin….

- La chaussette de spi qui s’entortille et s’échappe des mains de Carlito, zut ce n’est pas pratique pour affaler avec  un bout à 10 m au dessus du trampoline… finalement la blague s’arrête juste avant que nous ne nous décidions à affaler en larguant le bras. Du coup on laisse le spi et 5 minutes âpres, clac, c’est la poulie du point d’écoute qui a lâché.... bon allez on va affaler cette fois.

- Après une première semaine qui avance bien, on espérait une deuxième un peu plus cool, et quand les prévisions arrivent avec des 30 nœuds pendant 3 à 4 jours, on se prépare, on fait du pain à l’avance (ça c’est la Mama qui nourrit ses poussins), et puis on croise les doigts pour éviter la casse et surtout que la casse nous évite.

-Un doigt coincé dans la porte : je me reveille vers 1h et ça bouge, c’est la bagarre la haut dans un grain très fort, je monte aider Carlito et dans ma precipitation je me referme la porte sur le doigt. C’est un vrai sketch, Charles me demande de l’aider rapido, « je me suis explosé le doigt », « c’est pas le moment !» me répond-il, ça l’est rarement, ça pisse le sang.

- Le seul jour ou Celine a vomi depuis le mois de novembre : le jour des carottes sautées cuisinées par Carlito. C’est pas sympa Céline, c’est pas sympa. Bon c’est vrai on voulait faire de la purée de carottes, mais le mixer avait été sacrifié ma veille pour essayer les feux de navigation, mais c’est pas une raison Céline, vraiment.

 

 

L’arrivée (mercredi 16 Fevrier à La Barbade)

 

A partir du lundi, la mer commence à baisser et à se faire un peu plus tranquille (une Saint Valentin mémorable), mardi c’est beaucoup plus cool, et mercredi nous guettons la silhouette d’une terre. Les paris sont ouverts sur qui va l’apercevoir en premier. On entend des oiseaux et les poissons volants sont partout. Il suffit de se poser quelques minutes pour observer leur ballet. Et puis cette petite ligne plus foncée à l’horizon se précise, Rosalie n’arrête pas de râler aujourd’hui, il se passe quelque chose poupette c’est sur. Nous contournons l’ile escortés d’une colonie de dauphins « géants » selon nos standards méditerranéens. Arrivés dans Carlisle Bay, un skipper local nous dit d’aller d’abord voir les douanes, OK, ça fera 3 heures au quai des ferries à offrir des bières aux potes du douanier, pendant que Carlito se charge des formalités ce qui inclut d’aller acheter du rhum au duty free pour le douanier… avant de revenir au mouillage. La première baignade se fait autour de Rob Roy, un pur délice, on enchaine sur une plâtrée de pâtes et au lit tout le monde.

Le lendemain nous débarquons enfin sur la plage du « boatyard », c’est le sable le plus fin que nous n’ayons jamais vu ! les enfants sont aux anges, on goute le poisson volant grillé, spécialité locale, c’est pas mal du tout. Le soleil tape tres tres fort et on se confine dans le bateau de 11h à 15h à peu près pour éviter le pire à nos peaux de visages pâles pas encore bronzées.

 

 

La Barbade nous a d’abord surpris par la conception locale du tourisme idéal : vous prenez des paquebots de minimum 3000 passagers, vous les débarquez dans un centre commercial pour acheter des goodies et autres gadgets made in china, pour les plus aventureux, vous les emmenez à 3km sur la plage en 4*4 « safari », les grands téméraires vont faire le trajet à 50 sur un catamaran de la taille du notre, pour boire des bières à midi sous le soleil et  rotir à point….

 

Heureusement, une excursion à l’intérieur de l’ile avec un Bajan de naissance, qui connait par cœur tous les arbres des Caraïbes nous ouvre un peu les yeux.

 

Nous sommes accueillis au yacht club pendant une semaine suivant la tradition des yachts clubs à l’ancienne d’accueillir les visiteurs gratuitement la première semaine, ce qui permet aux enfants de profiter d’une aire de jeux dans le sable fin, au bord de l’eau, sous l’ombre de magnifiques arbres….

 

Nous y faisons une rencontre sympathique avec le voilier qui nous a recousu notre gennaker, et nous a permis de connaitre l’ile un peu plus de l’intérieur. Le dimanche, il y a une régate et il m’invite à bord de son J24 pour remplacer un équipier manquant, et cela est vraiment sympa de renouer un peu avec cette ambiance. Le niveau n’est pas mauvais, nous sommes au milieu pour la première régate, ce qui est correct  car deux équipiers sont manquants, mais la deuxième régate se solde par un joli spi chaluté dans la quille, et une énorme engueulade en anglais entre l’équipier d’avant et le barreur, mon argot anglais progresse d’un coup…. Je ne sais pas si c’est le classique de la conception d’équipe anglaise, mais l’un reproche à l’autre de ne pas avoir fait son job, lorsqu’en France, nous aurions trouvé un problème de coordination, et aurions refait la manœuvre 10 fois en entrainement… Ne les critiquons pas, les anglais sont bien meilleurs que les nous en régate en équipage…..

Le lendemain, Nigel vient à bord pour l’apéro, et nous passons un bon moment, à refaire le monde de la Barbade, de la régate et  des yachts clubs anglais. 

La Traversée (depart le 31 janvier de La Gomera)

/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/la-restinga-2-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/la-restinga-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/el-hiero-la-restinga-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/cest-parti-et-cest-tout-droit-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/allez-rob-roy-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/allez-captain-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/ciel-changeant-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/lumiere-au-petit-matin-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/premiere-prise-jpg/
/album/la-traversee-depart-le-31-janvier-de-la-gomera-/yes-jpg/

Rechercher dans le site